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Claude FRANÇOIS La mort L'avait averti de sa venue!Quelque temps avant l'accident fatal.

Dernière mise à jour : 7 oct. 2019


Une mort accidentelle une mort imprevisible? Accidentelle c'est l'evidence, mais imprévisible... Bien sûr on ne va pas prétendre que Claude Francois avait deviné quand et comment il allait mourir! Sinon, il aurait fait ce Qu'il fallait pour éviter la tragédie Il n'en demeure pas moins que, toute sa vie, il a été hanté par la mort, Pas seulement par l'idée qu'il allait mourir un jour, non, mais par la mort elle-même! Qu'on l'appelle la faucheuse ou qu'on lui donne n 'importe quel autre nom, elle n'a pas arrêté, durant toute sa courte vie, de lui adresser des signes terriblement angoissants Des signes qui, dans les semaines précédant le funeste 11 mars 1978,s'etaient multipliés La naissance de Claude sur les bords du Nil plutôt que sur les berges de la Seine n'est pas anodine dans ses croyances et ses craintes, baigné qu'il a été dans une culture orientale bien différente de notre froid rationalisme et croyant plus que nous à tout ce qui a trait à la divination Sa seur Marie-Josée, dite Josette, a révélé plus tard que l'influence du sur- naturel sur son frère lui venait en droite ligne de Chouffa, leur mère : «Depuis sa plus tendre enfance, Claude avait pris l'habitude d'accompagner notre mère chez des voyants qui lisaient l'avenir dans le mare d'un café turc, racontait-elle à France Dimanche en 1995. Je pense que c'est cela qui l'a incité, à l'âge adulte, à renouveler ses visites.» Pour se protéger du diable et de ses maléfices, le futur Cloclo devient alors de plus en plus superstitieux. Il ne quitte 

jamais la perle bleue porte-bonheur que

lui a donnée Chouffa. Elle ne suffit pas,

hélas, à calmer ses angoisses. Devenu

célèbre, il continuera de dormir avec une

lumière allumée. «Il lui arrivait même,

nous apprend encore Josette, de demander

à son secrétaire de veiller sur son sommeil.

en passant la nuit dans le salon d'à côté»

Mais le plus violent ébranlement subi

par Claude, ce n'est pas sa mère qui en été la cause. Ecoutons Josette: «Quand

il avait 20 ans, un jour que nous étion 

à la plage avec Janet, sa seule et unique

épouse, une bohémienne est venue direc-

tement vers Claude. Elle lui a pris la main

et lui a d'abord prédit beaucoup de succès.

Nous étions ravis, bien súr. Mais aussitôt

après, sur le même ton, elle a ajouté qu'il

allait mourir jeune!»

Cette prophétie, Claude ne l'oubliera

jamais et ne parviendra jamais à la

prendre à la légère. Elle ne fera que renforcer sa propension à l'angoisse, laquelle

ira sans cesse croissant, à mesure que les années passent, sans que la gloire ni la

fortune ne puissent rien contre ce mal qui

le ronge. Et le plus étrange, c'est que, dans

Les mois puis les semaines le séparant de

sa mort, les signes vont se multiplier. Les

cauchemars, tout d'abord. De plus en

plus souvent, Claude, dans son sommeil,

se voit en train de se noyer dans un lac,

cerné par des nuées de vautours aux ailes

immenses qui tournoient autour de lui.

On imagine alors le choc violent qu'a

du recevoir l'artiste lorsqu'il  appris par

hasard, et peu de temps avant le fatal

11 mars, que la précédente propriétaire de son appartement du boulevard

Exelmans s'y était suicidée! Et com-

ment s'y était-elle prise? En s'ouvrant

les veines... dans sa baignoire! Dans

cette même baignoire où Claude devait

lui-même vivre ses derniers instants...

À mesure que la date fatidique se rapproche, les angoisses se transforment en pressentiments, quand ce n'est pas en

apparitions! Josette, toujours elle, nous

a raconté l'épisode bouleversant qu'elle

a elle-même vécu, un week-end, au moulin de Dannemois, dans l'Essonne, où

demeurait le chanteur

«C'était deux semaines avant qu'il ne

nous quitte, je ne l'avais jamais vu ainsi.

Après le départ des invités, Claude était

tout seul, près du bar américain, et cela

m'a étonnée. Kathalyn était déjà dans

sa chambre, et d'habitude, il montait en

même temps qu'elle Je me suis approchée

de lui. Et c'est là qu'il m'a dit : "C'est

bien que nous soyons seuls tous les deux

Je voudrais te dire quelque chose, et tu

vas me promettre de ne le répéter à personne. De toute façon, on me prendrait pour un fou et on ne me croirait pas.

J'ai d'abord pensé qu'il s'agissait d'un

problème d'intendance au moulin. Mais

je l'ai vu si grave que je l'ai écouté avec

beaucoup d'attention...»

Josette retient son souffle, car elle s'attend à voir son frère lui révéler une sorte de

secret. Or elle est encore en dessous de la

vérité, très en dessous: «C'était bien plus

qu'un secret, c'était une énorme frayeur!

Claude m'a avoué que, depuis quelque

temps, le soir, il voyait une femme en blanc

s'asseoir au pied de son lit et le regarder

fixement. "Je suis obige d allumer pour

que son image disparaisse, me dit-il. Je n'en

dors plus, c'est terrible." J'ai suggéré que

cela n'était peut-être qu'un cauchemar "Ah non!Dis-toi bien que je suis tout à fait réveille!", m'a-t-il répondu. Je lui ai alors

Conseiller de mettre une bouteille d'eau

bénite, que j'étais allée remplir à l'église

de chez nous sur sa table de nuit se qu'il a fait .Plus tard,il m'a dit que la femme en blanc avait disparu. D'ailleurs le weekend précédent sa mort, il était très joyeux

Cétait à nouveau le Claude que je connaissais depuis l'enfance.

 

Les terribles prémonition de sa mère

Lui est peut-être joyeux, comme le

dit Josette, mais c'est au tour de leur

mère d'avoir de terribles prémonitions

10 mars, Chouffa fait un cauchemar

dans lequel elle voit son fils noyer un nou-

veau-né dans sa baignoire du boulevard

Exelmans! Elle tente de le raisonner, de

mais rien à faire: devant

elle, Claude tue le bébé. Et quand, toujours

dans son réve la pauvre femme se retourne,

elle découvre que la pièce est emplie de gens

sans visage et vêtus entièrement de noir

Comme elle a raconté son rève terrifiant à Josette, celle-ci lui téléphone dès qu'elle 

sait que Claude est rentré à Paris et qu'il

est bien tranquille chez lui, boulevard

Exelmans Mais elle entend alors sa mère Luis répondre d'une voix grave, presque

lugubre: «ll faut attendre quarante-huit

heures pour que s'eloigne le malheur

donné par Chouffa, Claude se réveille à

son tour. Il a des tas de choses à faire

au cours de cette journée du 11 mars

Et, avant tout, prendre un bain...Les avertissements et les prophéties pouvaient

se réaliser: le moment était venu.

                                                     DIDIER BALBEC



 

©Hors-série France Dimanche-Destins brisés le best of /juillet 2018

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